au second les Fourberies de Scapin ? D’ailleurs nous
n’avons qu’à lire les maîtres, Flaubert comme les
autres, avec plus de simplicité. Nous serons étonnés,
de voir comme ils sont toujours vivants, près de nous,
nous offrant mille exemples réussis de l’effort que
nous avons nous-mêmes manqué. Flaubert choisit
Me Senard pour le défendre, il aurait pu invoquer le
témoignage éclatant et désintéressé de tous les grands
morts. Je puis, pour finir, citer de cette survie
protectrice des grands écrivains un exemple qui m’est
tout personnel. Dans Du Côté de chez Swann, certaines
personnes, mêmes très lettrées, méconnaissant la
composition rigoureuse bien que voilée, (et peut-être
plus difficilement discernable parce qu’elle était à
large ouverture de compas et que le morceau symétrique
d’un premier morceau, la cause et l’effet, se trouvaient
à un grand intervalle l’un de l’autre) crurent que
mon roman était une sorte de recueil de souvenirs,
s’enchaînant selon les lois fortuites de l’association
des idées. Elles citèrent à l’appui de cette contre-vérité,
des pages où quelques miettes de « madeleine »,
trempées dans une infusion, me rappellent (ou du
moins rappellent au narrateur qui dit « je » et qui
n’est pas toujours moi) tout un temps de ma vie,
oublié dans la première partie de l’ouvrage. Or, sans
parler en ce moment de la valeur que je trouve à
ces ressouvenirs inconscients sur lesquels j’asseois,
dans le dernier volume — non encore publié —
de mon œuvre, toute ma théorie de l’art, et pour
m’en tenir au point de vue de la composition, j’avais
simplement pour passer d’un plan à un autre plan,
usé non d’un fait, mais de ce que j’avais trouvé plus
pur, plus précieux comme jointure, un phénomène