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LA COUR AUX LILAS
ET L’ATELIER DES ROSES
LE SALON DE Mme MADELEINE LEMAIRE

Balzac, s’il vivait de nos jours, aurait pu commencer une nouvelle en ces termes :

« Les personnes qui, pour se rendre de l’avenue de Messine à la rue de Courcelles ou au boulevard Haussmann, prennent la rue appelée Monceau, du nom d’un de ces grands seigneurs de l’ancien régime dont les parcs privés sont devenus nos jardins publics, et que les temps modernes feraient certes bien de lui envier si l’habitude de dénigrer le passé sans avoir essayé de le comprendre n’était pas une incurable manie des soi-disant esprits forts d’aujourd’hui, les personnes, dis-je, qui prennent la rue Monceau au point où elle coupe l’avenue de Messine, pour se diriger vers l’avenue Friedland, ne manquent pas d’être frappées d’une des particularités archaïques, d’une de ces survivances, pour parler le langage des physiologistes, qui font la joie des artistes et le