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Page:Marcel Proust - Chroniques, éd. 1936.djvu/35

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LES SALONS. LA VIE DE PARIS

de Chevigné, le duc et la duchesse de Luynes, le comte et la comtesse de Lasteyrie, la duchesse d’Uzès douairière, le duc et la duchesse d’Uzès, le duc et la duchesse de Brissac, M. Anatole France, M. Jules Lemaître, le comte et la comtesse d’Haussonville, la comtesse Edmond de Pourtalès, M. Forain, M. Lavedan, MM. Robert de Flers et Gaston de Caillavet, les brillants auteurs du triomphal Vergy, et leurs femmes exquises ; M. Vandal, M. Henri Rochefort, M. Frédéric de Madrazzo, la comtesse Jean de Castellane, la comtesse de Briey, la baronne de Saint-Joseph, la marquise de Casa-Fuerte, la duchesse Grazioli, le comte et la comtesse Boni de  Castellane. Cela n’arrête pas une minute, et déjà les nouveaux arrivants désespérant de trouver de la place font le tour par le jardin et prennent position sur les marches de la salle à manger ou se perchent carrément debout sur des chaises dans l’antichambre. La baronne Gustave de Rothschild, habituée à être mieux assise au spectacle, se penche désespérément d’un tabouret sur lequel elle a grimpé pour apercevoir Reynaldo Hahn qui s’assied au piano. Le comte de Castellane, autre millionnaire habitué à plus d’aises, est debout sur un canapé bien inconfortable. Il semblerait que Mme Lemaire ait pris pour devise — comme dans l’Évangile : « Ici les premiers sont les derniers », ou plutôt les derniers sont les derniers arrivés, fussent-ils académiciens ou duchesses. Mais Mme Lemaire par une mimique que ses beaux yeux et son beau sourire rendent tout à fait expressive fait comprendre de loin à M. de Castellane son regret de le voir si mal placé. Car elle a comme tout le monde un faible pour lui. « Jeune, charmant, traînant tous les cœurs après soi », brave,