pareille à
… un grand oiseau d’or qui guette au loin sa proie.
D’une politesse exacte et charmante avec tous ses
invités, on voyait la figure du prince (la plus fine que
nous ayons connue) s’animer d’une joie et d’une
tendresse paternelles quand entraient les deux incomparables
jeunes femmes que nous ne voulons que
nommer aujourd’hui, nous réservant d’en parler plus
tard, devant le magnifique et naissant génie desquelles
il s’émerveillait déjà : la comtesse Mathieu de Noailles
et la princesse Alexandre de Caraman-Chimay. Ces deux
noms, qui ont la première place dans l’admiration de
tout ce qui pense aujourd’hui, riches du double prestige
de la gloire littéraire et de la beauté. Quelles heures
charmantes. Le soleil éclairait en plein le plus beau
tableau de Claude Monet que je sache :
Un champ de tulipes près de Harlem. Le prince, avant son mariage,
dans une vente, l’avait convoité. Mais, disait-il,
quelle rage ! ce tableau me fut enlevé par une Américaine
dont je vouai le nom à l’exécration. Quelques années
plus tard, j’épousais l’Américaine et j’entrais en
possession du tableau ! » Ces belles heures, ces fêtes de
l’élégance et de l’art reviendront. Et dans l’assistance,
rien ne sera changé. Les familles La Rochefoucauld,
Luynes, Ligne, Croy, Polignac, Mailly-Nesles, Noailles,
Olliamson, entourent la princesse de Polignac d’une
affection à laquelle la mort du prince n’a rien changé,
qui s’est accrue, si l’on peut dire, d’une reconnaissance
profonde pour les années de bonheur qu’elle a données
au prince, lui qu’elle a si bien compris, dont elle a si
affectueusement de son vivant, si pieusement depuis