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III

Les Kurdes et les Turcs ont en somme fait très bonne impression à M. de Cholet, qui loue en plusieurs endroits leurs sentiments de famille. Il consacre même à la beauté des jeunes Turcs une description charmante. Les Arméniens lui ont inspiré des pages moins favorables, quoique non moins brillantes. « Singulier pays que cette Turquie d’Asie, dit M. de Cholet, après avoir parlé d’eux, où non seulement les races les plus dissemblables vivent côte à côte sans se mélanger, mais où de plus, se pratiquent sans disparaître les religions les plus variées : Arméniens ou Grecs, Mahométans ou Syriaques, Maronites ou Chaldéens, Grégoriens ou Nestoriens, séparés quelquefois par des questions insignifiantes de rites ou d’interprétation, se dressent irréconciliables les uns contre les autres, excités surtout par leur trop nombreux et trop misérable clergé. Quelques-uns cependant sont plus éclectiques, et l’on nous citait l’un des grands commerçants chrétiens de la ville (Césarée) qui, ayant mis son fils aîné à l’école arménienne, avait fait entrer le second chez