Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
les forçats du mariage

Il s’assit à côté d’elle sur le divan et lui prit la main.

— Chère Juliette, peut-être, si j’avais su plus tôt… si… Je vous aime aussi, moi… bien plus que vous ne le croyez. En cet instant, je suis aussi troublé que vous-même. Mais mon amitié, mon dévouement très-réels me font un devoir de refouler tout autre sentiment.

— C’est bon ! Taisez-vous, s’écria-t-elle en retirant sa main…

— Eh bien ! Juliette, tâchez de regarder de sang-froid ma position et jugez-la. Je me marie dans huit jours.

À ces mots, Juliette se dressa toute pâle. Elle voulut parler, mais les mots s’arrêtèrent dans son gosier. Puis elle retomba ; ses yeux fixes, agrandis par le désespoir, ne voyaient plus. Sa douleur était horrible.

Robert s’agenouilla devant elle et lui baisa respectueusement les mains en pleurant.

Elle les lui abandonnait ; car elle ne sentait ni ses baisers, ni ses larmes.

Quand elle eut dominé ce premier trouble, elle retira ses mains doucement, s’appuya aux coussins, la tête renversée. Elle fermait les paupières ; des larmes roulaient sur ses joues.

— Pauvre enfant ! murmurait Robert.

Son cœur saignait aussi. Il n’osait parler.

Tout à coup, elle se releva.