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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/44

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les forçats du mariage

— Adieu, adieu ! fit-elle d’une voix strangulée.

Robert voulut encore protester ; mais le regard de Juliette lui ordonnait si impérativement de sortir, qu’il se dirigea vers la porte.

Au moment où il la franchissait, il entendit un cri sourd. Il se retourna, vit Juliette chanceler, courut à elle. Elle était évanouie.

Il la porta sur son lit, brisa sa ceinture, réchauffa d’une haleine ardente ses lèvres et son cœur glacés. Il l’appelait avec passion des noms les plus tendres.

Peu à peu, sous l’influence de ce magnétisme véhément, Juliette revint à la vie. Ses bras rigides se détendirent, et d’eux-mêmes s’enroulèrent au cou de Robert.

Ce fut un rêve, une extase.

Comment Robert était-il là, dans ses bras ? Elle ne pensait plus, ne se souvenait plus. Une ivresse profonde paralysait ses sens et sa volonté.

— Robert, je vous en conjure, dit-elle enfin, aimez-moi comme je vous aime. Vous m’avez pris mon âme. Maintenant je ne pourrais vivre sans vous. Ce que j’ai souffert depuis huit jours, vous ne le saurez jamais. Vous ne pouvez m’épouser, dites-vous, parce que je suis pauvre. Mais donnez-moi un an de votre vie… Tenez, six mois. En retour, je vous donnerai ma vie entière et mon éternité. Quand vous me quitterez, je me tuerai ; mais je veux me damner pour vous. Vous seul, vous serez mon