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aux champs

seuls, mon mari et moi… Nous le garderions… voulez-vous ?

La paysanne commençait à comprendre. Elle demanda :

— Vous voulez nous prend’e Charlot ? Ah ben non, pour sûr.

Alors M. d’Hubières intervint :

— Ma femme s’est mal expliquée. Nous voulons l’adopter, mais il reviendra vous voir. S’il tourne bien, comme tout porte à le croire, il sera notre héritier. Si nous avions, par hasard, des enfants, il partagerait également avec eux. Mais s’il ne répondait pas à nos soins, nous lui donnerions, à sa majorité, une somme de vingt mille francs, qui sera immédiatement déposée en son nom chez un notaire. Et, comme on a aussi pensé à vous, on vous servira jusqu’à votre mort une rente de cent francs par mois. Avez-vous bien compris ?

La fermière s’était levée, toute furieuse.

— Vous voulez que j’vous vendions Charlot ? Ah ! mais non ; c’est pas des choses qu’on d’mande à une mère, ça ! Ah ! mais non ! Ce serait une abomination.

L’homme ne disait rien, grave et réfléchi ; mais