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un coq chanta

Un soir, dans une fête, au dernier printemps, Mme d’Avancelles avait répondu à M. de Croissard qui la harcelait de ses prières : « Si je dois tomber, mon ami, ce ne sera pas avant la chute des feuilles. J’ai trop de choses à faire cet été pour avoir le temps. » Il s’était souvenu de cette parole rieuse et hardie ; et, chaque jour, il avançait ses approches, il gagnait un pas dans le cœur de la belle audacieuse qui ne résistait plus, semblait-il, que pour la forme.

Une grande chasse allait avoir lieu. Et, la veille, Mme Berthe avait dit, en riant, au baron : « Baron, si vous tuez la bête, j’aurai quelque chose pour vous. »

Dès l’aurore, il fut debout pour reconnaître où le solitaire s’était baugé. Il accompagna ses piqueurs, disposa les relais, organisa tout lui même pour préparer son triomphe ; et, quand les cors sonnèrent le départ, il apparut dans un étroit vêtement de chasse rouge et or, les reins serrés, le buste large, l’œil radieux, frais et fort comme s’il venait de sortir du lit.

Les chasseurs partirent. Le sanglier débusqué fila, suivi des chiens hurleurs, à travers des