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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/234

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un coq chanta

broussailles ; et les chevaux se mirent à galoper, emportant par les étroits sentiers des bois les amazones et les cavaliers, tandis que, sur les chemins amollis, roulaient sans bruit les voitures qui accompagnaient de loin la chasse.

Mme d’Avancelles, par malice, retint le baron près d’elle, s’attardant, au pas, dans une grande avenue interminablement droite et longue et sur laquelle quatre rangs de chênes se repliaient comme une voûte.

Frémissant d’amour et d’inquiétude, il écoutait d’une oreille le bavardage moqueur de la jeune femme, et de l’autre il suivait le chant des cors et la voix des chiens qui s’éloignaient.

— Vous ne m’aimez donc plus ? disait-elle.

Il répondait : « Pouvez-vous dire des choses pareilles ? »

Elle reprenait : « La chasse cependant semble vous occuper plus que moi. »

Il gémissait : « Ne m’avez-vous point donné l’ordre d’abattre moi-même l’animal ? »

Et elle ajoutait gravement : « Mais j’y compte. Il faut que vous le tuiez devant moi. »

Alors il frémissait sur sa selle, piquait son