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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/251

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un fils

un qui les exécute facilement et qui les lâche sans remords, et qui ne s’en inquiète guère. »

L’académicien ajouta : « Nous en faisons autant, mon ami. »

Le sénateur reprit : « Oui, je ne le nie pas, nous les lâchons quelquefois, mais nous le savons au moins, et cela constitue notre supériorité. »

Mais l’autre secoua la tête : « Non, ce n’est pas là ce que je veux dire ; voyez-vous, mon cher, il n’est guère d’homme qui ne possède des enfants ignorés, ces enfants dits de père inconnu, qu’il a faits, comme cet arbre reproduit, presque inconsciemment.

S’il fallait établir le compte des femmes que nous avons eues, nous serions, n’est-ce pas, aussi embarrassés que cet ébénier que vous interpelliez le serait pour numéroter ses descendants.

De dix-huit à quarante ans enfin, en faisant entrer en ligne les rencontres passagères, les contacts d’une heure, on peut bien admettre que nous avons eu des… rapports intimes avec deux ou trois cents femmes.

Eh bien, mon ami, dans ce nombre êtes-vous sûr que vous n’en ayez pas fécondé au moins une,