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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/261

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un fils

de puiser de l’eau pour les chevaux et portait ses deux seaux en boitant, avec un effort douloureux de la jambe plus courte. Il était déguenillé, hideusement sale, avec de longs cheveux jaunes tellement mêlés qu’ils lui tombaient comme des cordes sur les joues.

L’aubergiste ajouta : « Il ne vaut pas grand’chose, ç’a été gardé par charité dans la maison. Peut-être qu’il aurait mieux tourné si on l’avait élevé comme tout le monde. Mais que voulez-vous, Monsieur ? Pas de père, pas de mère, pas d’argent ! Mes parents ont eu pitié de l’enfant, mais ce n’était pas à eux, vous comprenez. »

Je ne dis rien.

Et je couchai dans mon ancienne chambre ; et toute la nuit je pensai à cet affreux valet d’écurie en me répétant : « Si c’était mon fils, pourtant ? Aurais-je donc pu tuer cette fille et procréer cet être ? » C’était possible, enfin !

Je résolus de parler à cet homme et de connaître exactement la date de sa naissance. Une différence de deux mois devait m’arracher mes doutes.

Je le fis venir le lendemain. Mais il ne parlait