ger à son cochon partout où il entrait avec lui. C’était là le grand plaisir, le grand divertissement de tous les jours : « Donnez-li de c’que vous voudrez, il avale tout. » Et on offrait à l’homme du pain et du beurre, des pommes de terre, du fricot froid, de l’andouille qui faisait dire : « De la vôtre, et du choix. »
Le soldat, stupide et doux, mangeait par politesse, enchanté de ces attentions ; se rendait malade pour ne pas refuser ; et il engraissait vraiment, serré maintenant dans son uniforme, ce qui ravissait Saint-Antoine et lui faisait répéter : « Tu sais, mon cochon, faudra te faire faire une autre cage. »
Ils étaient devenus, d’ailleurs, les meilleurs amis du monde ; et, quand le vieux allait à ses affaires dans les environs, le Prussien l’accompagnait de lui-même pour le seul plaisir d’être avec lui.
Le temps était rigoureux ; il gelait dur ; le terrible hiver de 1870 semblait jeter ensemble tous les fléaux sur la France.
Le père Antoine, qui préparait les choses de loin et profitait des occasions, prévoyant qu’il