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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/103

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fort comme la mort

culottes courtes, poussa une porte et se sentit soudain alerte comme un jeune homme en entendant, au bout du couloir, un bruit continu de fleurets heurtés, d’appels de pied, d’exclamations lancées par des voix fortes : Touché. — À moi. — Passé. — J’en ai. — Touché. — À vous.

Dans la salle d’armes, les tireurs, vêtus de toile grise, avec leur veste de peau, leurs pantalons serrés aux chevilles, une sorte de tablier tombant sur le ventre, un bras en l’air, la main repliée, et dans l’autre main, rendue énorme par le gant, le mince et souple fleuret, s’allongeaient et se redressaient avec une brusque souplesse de pantins mécaniques.

D’autres se reposaient, causaient, encore essoufflés, rouges, en sueur, un mouchoir à la main pour éponger leur front et leur cou ; d’autres, assis sur le divan
carré qui faisait le tour de la grande salle, regardaient les assauts. Liverdy contre Landa, et le maître du Cercle, Taillade, contre le grand Rocdiane.

Bertin, souriant, chez lui, serrait les mains.

— Je vous retiens, lui cria le baron de Baverie.

— Je suis à vous, mon cher.