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fort comme la mort

d’émotion, contiendrait plus de philosophie. Jolie, elle séduirait davantage, répandrait plus de charme, plairait mieux.

Le désir de faire une étude d’après sa petite amie le
décida. La Rêveuse serait jolie, et pourrait, par suite, réaliser son rêve poétique, un jour ou l’autre, tandis que laide demeurerait condamnée au rêve sans fin et sans espoir.

Dès que les deux femmes furent entrées, Olivier dit en se frottant les mains :

— Eh bien, mademoiselle Nané, nous allons donc travailler ensemble.

La comtesse semblait soucieuse. Elle s’assit dans un fauteuil et regarda Olivier plaçant dans le jour voulu une chaise de jardin en jonc de fer. Il ouvrit ensuite sa bibliothèque pour chercher un livre, puis après une hésitation :

— Qu’est-ce qu’elle lit, votre fille ?

— Mon Dieu, ce que vous voudrez. Donnez-lui un volume de Victor Hugo.

La Légende des siècles ?

— Je veux bien.

Il reprit alors :

— Petite, assieds-toi là et prends ce recueil de vers. Cherche la page… la page 336, où tu trouveras une