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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/280

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fort comme la mort

somnolences plus tranquilles, dans la tiédeur des draps, lorsque sa femme de chambre avait ouvert ses rideaux et fait flamber le feu matinal. Elle demeurait lasse, assoupie, ni éveillée, ni endormie, dans un engourdissement
de pensée qui laissait renaître en elle l’espoir instinctif et providentiel dont s’éclairent et dont vivent jusqu’à leurs derniers jours le cœur et le sourire des hommes.

Chaque matin maintenant, dès qu’elle avait quitté son lit, elle se sentait dominée par un désir puissant de prier Dieu, d’obtenir de lui un peu de soulagement et de consolation.

Elle s’agenouillait alors devant un grand Christ de chêne, cadeau d’Olivier, œuvre rare découverte par lui, et les lèvres closes, implorant avec cette voix de l’âme dont on se parle à soi-même, elle poussait vers le martyr divin une douloureuse supplication. Affolée par le besoin d’être entendue et secourue, naïve en sa détresse comme tous les fidèles à genoux, elle ne pouvait douter qu’il l’écoutât, qu’il fût attentif à sa requête et peut-être touché pour sa peine. Elle ne lui demandait pas de faire pour elle ce que jamais il n’a fait pour