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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/281

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fort comme la mort

personne, de lui laisser jusqu’à sa mort le charme, la fraîcheur et la grâce, elle lui demandait seulement un peu de repos et de répit. Il fallait bien qu’elle vieillit, comme il fallait qu’elle mourût ! Mais pourquoi si vite ? Des femmes restaient belles si tard ! Ne pouvait-il lui accorder d’être une de celles-là ? Comme il serait bon, Celui qui avait aussi tant souffert, s’il lui abandonnait seulement pendant deux ou trois ans encore le reste de séduction qu’il lui fallait pour plaire !

Elle ne lui disait point ces choses, mais elle les gémissait vers Lui, dans la plainte confuse de son être.

Puis, s’étant relevée, elle s’asseyait devant sa toilette, et, avec une tension de pensée aussi ardente que pour la prière, elle maniait les poudres, les pâtes, les crayons, les houppes et les brosses qui lui refaisaient une beauté de plâtre, quotidienne et fragile.