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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/313

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fort comme la mort

des marches eût épuisé tout le souffle de sa gorge :

— Eh bien, docteur ?

— Eh bien, Madame, j’espère que ce sera moins grave que je n’avais cru au premier moment.

Elle s’écria :

— Il ne mourra point ?

— Non. Du moins je ne le crois pas.

― En répondez-vous ?

— Non. Je dis seulement que j’espère me trouver en présence d’une simple contusion abdominale sans lésions internes.

― Qu’appelez-vous des lésions ?

— Des déchirures.

— Comment savez-vous qu’il n’en a pas ?

— Je le suppose.

— Et s’il en avait ?

— Oh ! alors, ce serait grave.

— Il en pourrait mourir ?

— Oui.

— Très vite ?

— Très vite. En quelques minutes ou même en quelques secondes. Mais, rassurez-vous, Madame, je suis convaincu qu’il sera guéri dans quinze jours.

Elle avait écouté, avec une attention profonde, pour tout savoir, pour tout comprendre.

Elle reprit :

— Quelle déchirure pourrait-il avoir ?

— Une déchirure du foie, par exemple.

— Ce serait très dangereux ?

— Oui… mais je serais surpris s’il survenait une complication maintenant. Entrons près de lui. Cela lui fera du bien, car il vous attend avec une grande impatience.