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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/314

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fort comme la mort

Ce qu’elle vit d’abord, en pénétrant dans la chambre, ce fut une tête blême sur un oreiller blanc. Quelques
bougies et le feu du foyer l’éclairaient, dessinaient le profil, accusaient les ombres ; et, dans cette face livide, la comtesse aperçut deux yeux qui la regardaient venir.

Tout son courage, toute son énergie, toute sa résolution tombèrent, tant cette figure creuse et décomposée était celle d’un moribond. Lui, qu’elle avait vu tout à l’heure, il était devenu cette chose, ce spectre ! Elle murmura entre ses lèvres : « Oh ! mon Dieu ! » et elle se mit à marcher vers lui, palpitante d’horreur.

Il essayait de sourire, pour la rassurer, et la grimace de cette tentative était effrayante.

Quand elle fut tout près du lit, elle posa ses deux mains, doucement, sur celle d’Olivier allongée près du corps, et elle balbutia :

— Oh ! mon pauvre ami.

— Ce n’est rien, — dit-il tout bas, sans remuer la tête.

Elle le contemplait maintenant, éperdue de ce changement. Il était si pâle qu’il semblait ne plus avoir