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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/92

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fort comme la mort


De temps en temps, il touchait un objet, donné par lui, à quelque anniversaire, le prenait, le maniait, l’examinait avec une indifférence rêvassante, puis le remettait à sa place.

Dans un coin, quelques livres rarement ouverts, reliés avec luxe, s’offraient à la main sur un guéridon porté par un seul pied, devant un petit canapé de forme ronde. On voyait aussi sur ce meuble la Revue des Deux Mondes, un peu fripée, fatiguée, avec des pages cornées, comme si on l’avait lue et relue, puis d’autres publications non coupées, les Arts modernes, qu’on doit recevoir uniquement à cause du prix, l’abonnement coûtant quatre cents francs par an, et la Feuille libre, mince plaquette à couverture bleue, où se répandent les poètes les plus récents qu’on appelle les « Énervés ».

Entre les fenêtres, le bureau de la comtesse, meuble coquet du dernier siècle, sur lequel elle écrivait les réponses aux questions pressées apportées pendant les réceptions. Quelques ouvrages encore sur ce bureau, les livres familiers, enseigne de l’esprit et du cœur de la femme Musset, Manon Lescaut, Werther ; et, pour montrer qu’on n’était pas étranger aux sensations