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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/284

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taille l’écharpe légère qu’un garçon lui tendait et disparut derrière la porte capitonnée ouverte devant lui.

Un souffle chaud, oppressant, qui semblait venir d’un foyer lointain, le fit respirer comme s’il eût manqué d’air en traversant une galerie mauresque, éclairée par deux lanternes orientales. Puis un nègre crépu, vêtu seulement d’une ceinture, le torse luisant, les membres musculeux, s’élança devant lui pour soulever une portière à l’autre extrémité, et Bertin pénétra dans la grande étuve, ronde, élevée, silencieuse, presque mystique comme un temple. Le jour tombait d’en haut, par la coupole et par des trèfles en verres colorés, dans l’immense salle circulaire et dallée, aux murs couverts de faïences décorées à la mode arabe.

Des hommes de tout âge, presque nus, marchaient lentement, à pas graves, sans parler ; d’autres étaient assis sur des banquettes de marbre, les bras croisés ; d’autres causaient à voix basse.

L’air brûlant faisait haleter dès l’entrée. Il y avait là dedans, dans ce cirque étouffant et décoratif, où l’on chauffait de la chair humaine, où circulaient des masseurs noirs et maures aux jambes cuivrées, quelque chose d’antique et de mystérieux.

La première figure aperçue par le peintre fut celle du comte de Landa. Il circulait comme un