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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/260

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le port

II

La fête fut complète ! Quatre heures durant, les dix matelots se gorgèrent d’amour et de vin. Six mois de solde y passèrent.

Dans la grande salle du café, ils étaient installés en maîtres, regardant d’un œil malveillant les habitués ordinaires qui s’installaient aux petites tables, dans les coins, où une des filles demeurées libres, vêtue en gros baby ou en chanteuse de café-concert, courait les servir, puis s’asseyait près d’eux.

Chaque homme, en arrivant, avait choisi sa compagne qu’il garda toute la soirée, car le populaire n’est pas changeant. On avait rapproché trois tables et, après la première rasade, la procession dédoublée, accrue d’autant de femmes qu’il y avait de mathurins, s’était reformée dans l’escalier. Sur les marches de bois, les quatre pieds de chaque couple sonnèrent longtemps, pen-