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De tous les métiers, le métier de roi est le plus difficile comme le plus pénible. Sommes-nous heureux, tous tant que nous sommes, par le métier qu’il a plu à la Providence de nous imposer ? Non ; mais bien par ces heures d’intervalle où nous nous livrons à nos goûts sans contrainte & sans témoins fâcheux.

Ces trois chambres remplies de livres jettent de l’intérêt dans ces appartemens, & font plus de plaisir à rencontrer que les richesses matérielles qu’ils renferment. Ces livres disent que le monarque jouit du plaisir le plus délicieux, du plaisir qui ne s’use point, & qu’on retrouve aussi vif dans tous les âges de la vie ; du plaisir enfin qui s’accroît par l’exercice de la lecture.

Le vulgaire pense que les princes sont perpétuellement dissipés, qu’ils passent leur vie dans le désœuvrement ; c’est que le vulgaire n’apperçoit pas lui-même d’autre plaisir. Je puis certifier que le roi donne, chaque jour, plusieurs heures à l’étude, & qu’il est peu de particuliers qui les emploient aussi utilement que lui.