Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
MADAME RÉCAMIER

d’impératrice, écrivait à madame Tallien, en lui donnant rendez-vous à une fête éblouissante de l’hôtel Thélusson : — « Venez avec votre dessous de robe fleur-de-pêcher, il faut que nos toilettes soient les mêmes : j’aurai un mouchoir rouge noué à la créole, avec trois crochets aux tempes. Ce qui est naturel pour vous est bien hardi pour moi, vous plus jeune, peut-être pas plus jolie, mais incomparablement plus fraîche. Il s’agit d’éclipser et de désespérer des rivales, c’est un coup de parti. » Seule des trois, madame Récamier a conservé jusque dans ses derniers jours le mouchoir noué à la créole.

C’étaient alors des luttes d’élégance et de frivolité, dont notre époque semble avoir perdu la tradition. Tant pis pour notre époque. Après la révolution des mœurs, venait la révolution des costumes. Thérésia Cabarrus avait ramené les modes grecques, la coiffure à l’athénienne, la tunique transparente et collante. Joséphine, la première, rechercha les camées les plus purs, les onyx et les agates les plus superbes, pour les faire étinceler à son épaule ou ruisseler dans ses cheveux. À son tour, madame Récamier introduisit le