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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/103

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MADAME RÉCAMIER

basque, — ce qui était la grande fureur du jour.

C’est dans ce château de Clichy, et quelque temps après dans ses magnifiques salons de la rue du Mont-Blanc, que madame Récamier a reçu presque toute l’Europe princière. Son mari était riche alors, richissime ; il pouvait réaliser des miracles, et tenir tête aux Sardanapales en carrick de ce temps-là. L’architecte Berthaut avait transformé cet hôtel en féerie ; c’était un conte de Galland solidifié. Demandez à madame Lehon, qui en est devenue plus tard propriétaire.

Les bals de madame Récamier ne tardèrent pas à conquérir une vogue immense. De là s’élancèrent les gavottes nouvelles, les morceaux de clavecin destinés à devenir populaires, les toilettes égyptiennes, spartiates, romaines, turques et françaises. Ce fut un délire, un triomphe dont rien n’approcha. Madame Hamelin , — une héroïne de ces fêtes, — madame Hamelin, au pied de Cendrillon, aurait pu seule raconter un de ces soirs magiques auxquels il n’a manqué qu’un peintre comme Watteau, qu’un poëte comme Lattaignant ou Voisenon, l’abbé Fusée !