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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/111

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MADAME RÉCAMIER

traits charmants qu’on tient de sa bouche. — La foule se pressait un matin, rue du Mont-Blanc, devant l’hôtel de l’ambassadeur d’Espagne. Sur le seuil, le roi d’Étrurie, qui allait monter en voiture, causait avec madame Récamier et M. Beffroy de Reigny, cet écrivain qui s’est fait une excentrique réputation sous le nom du Cousin Jacques. — « Le prince baisait galamment ma main, nous disait madame Récamier, lorsque j’entendis tout à coup une voix bruyante à mon oreille. Je me retournai. C’était un militaire de planton qui s’écriait de toutes ses forces : Citoyen, votre voiture est prête ; quand Votre Majesté voudra y monter… »

Peut-être connaît-on mieux cette aventure d’un homme qui, se trouvant placé entre madame de Staël et madame Récamier, eut la maladresse de dire : — Me voilà entre l’esprit et la beauté ! — Sans posséder ni l’une ni l’autre, répondit madame de Staël.

Une Anglaise, madame Trollope, qui pouvait avoir beaucoup d’esprit en anglais, mais qui, en français, se contentait simplement de déraisonner, a consacré dans son livre de Paris et les Parisiens quelques pages à madame