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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/144

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LES RESSUSCITÉS

De tous ses écrits, les Mémoires sont le plus important, et, par conséquent, celui sur lequel je me plais à m’arrêter ; il me satisfait souvent, mais jamais complètement. L’horizon y est limité, l’air y est mesuré. Tout se passe dans des cabinets, et à propos de cabinets. Un peu de ciel entrant tout à coup parla fenêtre ferait bien cependant, mais la politique ne veut pas de fenêtres ouvertes. M. Guizot trouve le moyen de raconter le gouvernement de Louis-Philippe, sans dire un mot du peuple, de la société, des mœurs, des habitudes, de tout ce que recherchent les autres historiens. C’est le triomphe de l’écorché.

Ses portraits ne sont pas tous également réussis, mais il y en a d’excellents, celui d’Armand Carrel, entre autres. Lamartine lui impose : il reconnaît en lui une attitude aussi noble que la sienne, avec la grâce en plus ; il s’avoue séduit par un langage doré, une expansion, une abondance harmonieuse qu’il a dû souvent envier. Il ne s’arrête pas autant qu’il le faudrait devant d’autres supériorités contemporaines. On sent qu’il a hâte de retourner à M. Molé, à M. Thiers, à M. Bro-