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GUIZOT

« Que serait-il arrivé, monsieur, si nous nous étions rencontrés, vous et moi, il y a six cents ans, et si nous avions été, l’un et l’autre, appelés à influer sur nos mutuelles destinées ?… Il y a six cents ans, monsieur, si mes pareils de ce temps vous avaient rencontré, ils vous auraient assailli avec colère comme un odieux persécuteur ; et les vôtres, ardents à enflammer les vainqueurs contre les hérétiques, se seraient écriés : « Frappez, frappez toujours ; Dieu saura bien reconnaître les siens ! » Nous sommes ici, vous et moi, monsieur, les témoignages vivants et les heureux témoins du sublime progrès qui s’est accompli parmi nous dans l’intelligence et le respect de la justice, de la conscience, du droit, des lois divines, si longtemps méconnues… Personne aujourd’hui ne frappe plus et n’est plus frappé au nom de Dieu. »

Ce discours fit beaucoup d’honneur à M. Guizot auprès des esprits élevés, mais il effaroucha quelques chefs du parti protestant. Il y eut réponses et querelles.

La harangue au malheureux Prévost-Paradol ne rencontra pas les mêmes écueils ;