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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/15

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M. DE JOUY

passer. Saint Antoine n’eut pas de tentation.

Je me suis toujours étonné que la vie de M. de Jouy n’ait pas réagi davantage sur ses écrits. — C’était bien la peine d’avoir quitté la France à treize ans, d’avoir traversé les mers, d’avoir vu les Indes, Chandernagor ; d’avoir été lieutenant, capitaine ; puis d’être revenu, d’avoir eu sa tête à prix, de s’être mis en voyage une seconde fois, de s’être promené au bord du lac de Genève, en Belgique, en Hollande, en Italie, — et cela, pour en rapporter l’Ermite de la Chaussée-d’Antin, tout simplement. Il est vrai que tant d’autres écrivent sur l’Inde, la Suisse, la Belgique, la Hollande et l’Italie, qui n’ont jamais mis le pied hors du Palais-Royal.

Il fut le premier feuilletonniste de genre de ce temps-là. Il retroussa ses manchettes, comme faisait le comte de Buffon, et se prit à nous raconter en petits tableaux anodins les mœurs et la société auxquelles il avait l’honneur d’appartenir. Pour cela, il s’y prit le plus galamment et le plus discrètement possible, frappant toujours à la porte avant d’entrer, et criant à la jolie femme par le trou de la serrure : — « Madame, ayez l’obligeance de vous