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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/14

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LES RESSUSCITÉS

époque, l’empereur était encore chose neuve et soudaine. M. de Jouy eut la gloire d’être le premier à déshabiller cette ombre auguste, et son exemple ne tarda pas à être suivi de toutes parts.

M. de Jouy a surtout été un homme, — et un talent — de circonstance. Il fut tour à tour le seul et le premier, deux grands mérites. Le seul prudent sous l’Empire, le premier hardi sous la Restauration. Il a cultivé tour à tour l’à-propos innocent dans le tableau des Sabines et Tippo-Saëb, et l’à-propos séditieux dans Bélisaire et Sylla. Et quand il n’y eut plus hommes ni choses à exploiter, il en vint à se mettre lui-même en exploitation, lui et son succès. De même qu’avec une bouteille d’eau de Cologne il y a des gens qui ont l’art de faire quinze bouteilles d’eau de Cologne, de même M. de Jouy trouva le secret de faire quinze Ermites avec son premier Ermite : « Ermite, bon ermite, » comme dit la chanson. — Cette littérature en cagoule dura assez longtemps, puis on finit par s’en lasser et par la trouver fade. On s’attendait vainement à voir frétiller la queue du diable sous la robe du capucin : la robe ne laissait rien