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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/154

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LES RESSUSCITÉS

Dirai-je tout le chemin qu’il a fait, c’est-à-dire tous les arpents de papier qu’il a couverts de ses indéchiffrables pattes de mouche, avant d’arriver à l’Académie française ? Cela me conduirait bien loin et cela m’égarerait parfois. À peine débarrassé de la poussière des collèges, il avait pris un pied dans la critique théâtrale ; il en prit bientôt quatre. Ce n’est pas qu’il s’intéressât plus que de raison à l’art dramatique ; au fond, comme toujours, il s’en est médiocrement soucié. Le principal pour lui, à l’heure où il arrivait, — c’est-à-dire au milieu de la mêlée romantique, — c’était de publier un livre. Ce livre, le nouveau débarqué de Saint-Étienne ne manqua pas de le faire, et il le fit aussi bizarre, aussi monstrueux, aussi charmant, aussi paradoxal, que l’époque le demandait.

L’année 1829, qui vit naître Notre-Dame de Paris et les poésies de Joseph Delorme, vit paraître l’Âne mort et la femme guillotinée, une fantaisie à rendre Sterne jaloux dans sa tombe. Je laisse à penser l’effet que produisit dans le public un titre pareil. Peu de temps après, M. Janin publia Barnave, un ouvrage plus singulier encore, moitié roman, moitié histoire,