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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/173

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FRÉDÉRIC SOULIÉ

force, qui lui a souvent tenu lieu de tout. Aussi, quels muscles dans ses drames ! C’est l’homme des colères par excellence, des haines vigoureuses, des violences ! — Et jusqu’à : Je vous aime ! tout s’y dit brutalement. Cette brutalité a fait deux ou trois chefs-d’œuvre : Clotilde, les Mémoires du Diable et la Closerie des Genêts.

Il débuta vers 1830, comme tout le monde, avec des drames à la Shakspeare et deux ou trois romans dans le goût de sir Walter Scott. On lui siffla ses drames, comme on sifflait tous les drames en ce temps-là. « C’est, en vérité, un pitoyable métier que celui d’auteur dramatique, s’écrie-t-il dans une préface… vous avez égorgé mon drame sans le connaître !… » Pourtant, il ne se rebuta pas, parce qu’il avait la force. Le Théâtre-Français lui fut plus heureux que l’Odéon. Il fit des comédies avec M. Bossange, avec M. Arnauld, avec M. Badon ; il fit un opéra-comique avec Monpou, le pittoresque musicien qui l’a précédé au tombeau ; — et d’opéra en comédie, de comédie en drame, de drame en roman, il commença peu à peu à s’appeler Frédéric Soulié.

Alors, il se remit à travailler tout seul, Clo-