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HENRY MURGER

larité bien grande dans une existence déjà acquise à la poésie et aux entraînements du cœur ? — Les besoins d’un écrivain ne sont pas ceux du premier venu : il ne lui faut pas seulement du pain et un logement ; le loisir, les voyages, les roses, les réunions lui sont indispensables. — Tout compte vu, on devrait interdire l’exercice de la littérature à ceux qui, comme Henry Murger, n’ont ni famille ni moyens d’existence. Ce serait plus vite fait, et il n’y aurait sur leur tombe ni lamentations ni malédictions.

Le gouvernement de l’Empereur avait entrevu ce problème : une pension avait été récemment accordée à Henry Murger. Il n’en a touché que le premier trimestre.

Je suis ramené malgré moi à cette mort, dont les épisodes sont sans exemple dans nos rangs littéraires. Tout à coup Murger sentit, au milieu de la nuit, comme un coup de fouet dans la jambe gauche ; il crut à un rhumatisme, à une attaque de goutte ; le docteur Piogey, appelé, constata une artérite, qui devait rapidement déterminer la mortification du membre. Les consultations se précipitèrent, à l’insu du patient, dont l’in-