Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
LES RESSUSCITÉS

fallait nécessairement que ses victimes fussent enfermées aux Petites-Maisons, ou que lui-même il y fût enfermé. Ce fut lui[1].

« … Dans les désordres de sa pensée, il avait des naïvetés charmantes. C’est lui qui m’écrivait : — Vous avez parlé avec tant de tendresse de notre ami ٭٭٭. C’est une injustice, il n’est pas si fou que moi ! »

Il n’en a guère été écrit plus long, je crois sur la vie et la mort de Lassailly. Cette figure incertaine, cet esprit disséminé, contrariant, trop irrésolument fantasque ; cette plume fatiguée avant d’avoir tracé son premier mot, ce poète toujours en guerre avec lui-même, n’était pas d’ailleurs d’un si grand poids dans la balance littéraire. Heureux est-il encore d’avoir pu arracher à l’indifférence de la critique ces quelques lignes d’épitaphe !

  1. Revue critique, journal mensuel. S’adresser pour tout ce qui concerne la rédaction, à M. Lassailly, rue Caumartin, 41. On s’abonne à la Tente, galerie Montpensier, 6. Janvier 1840 (Imprimerie Belin et Cie, rue Sainte-Anne, 55). — À l’appui de ce que dit M. Janin, voici quatre vers d’une Ode à l’Aristocratie contenue dans le premier numéro de ce journal :
     
     
    Ô calomnie aux ongles longs !

    Ô menteur Journalisme, éloquence sans âme,
    Héroïsme bâtard, inglorieuse lame
    D’assassins qui n’ont pas de noms !