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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/273

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JEAN JOURNET

Ces deux dames faisaient esprit de tout, de leurs yeux, de leur bouche, de leurs mains blanchettes et longuettes. — Le quatrième acte allait son train, lorsque tout à coup, v’lan ! une pluie de papiers inonde les spectateurs du parterre, de l’orchestre et des galeries. On lève la tête : c’était Jean Journet qui distribuait la manne divine ; et comme il voyait que chacun s’empressait pour y atteindre :

— Patience, disait-il ; il y en aura pour tout le monde !

Et il recommençait à jeter de droite et de gauche ses odes, ses hymnes, ses chansons, ses élégies, ses cantates, qui dansaient, se balançaient et tournoyaient en rasant le lustre, comme des papillons blancs autour d’une bougie. Pourtant, au milieu de son opération, voilà que Jean se sent atteint d’un remords ; il s’arrête, il se tourne vers la scène, il demande pardon humblement à mademoiselle Denain et à mademoiselle Anaïs, il les prie à mains jointes de l’excuser. Mais sa mission, dit-il, est impérieuse, il faut qu’il la remplisse ; et, pour cela, il demande la parole pour cinq minutes. — Cinq minutes ! c’était bien