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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/274

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LES RESSUSCITÉS

peu de chose. Néanmoins, le public, qui avait eu le temps de s’apercevoir qu’il avait affaire à un apôtre et à un prédicant, refusa les cinq minutes demandées.

— Ramenez-moi à la Camaraderie ! dit le public, du ton que dut prendre ce poète d’autrefois lorsqu’il répondit : Ramenez-moi aux carrières !

Puis arriva la garde, qui emmena Jean Journet. Quelques jours après, il était à Bicêtre.

Si notre mémoire est en état, voici la deuxième fois que l’on fait accomplir un si funeste voyage à cette honnête personne, qui n’a que le tort de pousser au bien par des moyens excentriques et d’être un croyant exalté au milieu de nos tièdes croyants. Il croit à quelque chose, lui, à une chose extravagante, poétique, décriée, sublime, au Phalanstère ! Mais enfin il croit à quelque chose. — Or, Faust, qui croit au diable, je l’estime mieux que don Juan, qui ne croit à rien. — Nous disions donc que Jean Journet avait déjà été mis en 1841 à Bicêtre, et que c’est suffisant, à tout prendre. Selon nous, il n’y avait pas lieu à recommencer, et le désastre ne se-