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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/294

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LES RESSUSCITÉS

pastiche, qu’au contraire il l’étale franchement, on le lit sans prévention, et on se laisse volontiers prendre au rire qu’il veut exciter. Parmi les pièces de ce spectacle dans une chaise, l’Hôpital des fous est basé sur une idée fort plaisante. La scène se passe dans la cour d’un établissement d’aliénés ; un poëte pensionnaire du lieu entre avec quatre de ses camarades :

« Le poëte. — Ma foi, messieurs, vous me voyez fort embarrassé. J’ai composé pour ce soir un grand ouvrage de théâtre (car vous savez que c’est mon métier), et je n’en connais pas encore le sujet. Mon drame, s’il vous plaît, doit être précisément ce qui va se passer aujourd’hui ici-même ; belle pièce, je vous jure, et où l’on verra s’agiter toutes les passions qui gouvernent la destinée humaine. Nous y jouerons tous notre rôle. On nous recommande de peindre les hommes ; mais que diable ! nous sommes des hommes. Au lieu d’une copie de la nature, nous donnons l’original. Çà, l’heure approche, le théâtre est tout prêt. On entrera par cette porte, on sortira par cette autre. Je vous prie aussi de considérer comme nos décors sont bien peints, que ces arbres sont de vrais arbres, et que cette cour est une cour véritable. Je suis fort curieux de connaître mon œuvre, et si le héros est laid, et si l’héroïne chante bien, si cela est sérieux, si cela est comique. Il serait temps de commencer. Mais je ne vois point arriver d’acteurs. »