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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/293

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ÉDOUARD OURLIAC

L’une d’elles, la Première Tragédie de Gœthe, contient un prologue en vers débité par le seigneur Croquignole :

Permettez-moi, Messieurs, en mouchant mes chandelles.
De causer un instant de ce qu’on joue ici ;
Ce ne sont, il est vrai, que farces, bagatelles,
Mais si l’on est content, je le suis fort aussi.
Ma foi ! vive la joie et les parades folles
Où le héros survient, la perruque à l’envers,
Un bras gris, l’autre bleu, le chapeau de travers,
Et débute, s’il veut, par quelques cabrioles.
Ma catastrophe, à moi, c’est un coup de bâton ;
Mon poignard, Arlequin le porte à sa ceinture ;
Nos sabres sont de bois, nos noirceurs en peinture,
Et si le dénoûment nous touche d’aventure,
C’est qu’on doit immoler un pâté de carton.

Voilà son programme tout entier. On aime à découvrir ce coin de naïveté inattendu chez un auteur déjà aguerri aux malices du Figaro, cet amour des enfants chez un journaliste accoutumé à tirer profit des passions des hommes. Mais qu’on ne s’abuse pas cependant : le théâtre d’Édouard Ourliac procède moins de Berquin que de Gherardi ; la tradition qu’il suit est celle des Janot, des Grippe-Soleil, des Funambules, du tréteau. Il ne danse pas, il gambade ; il ne mange pas, il s’empiffre ; il ne rit pas, il tombe en épilepsie. Mais comme après tout il ne cherche pas à dissimuler son