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CHATEAUBRIAND

presse ? La médiocrité et quelques amours-propres irascibles. Mais dans le dernier cas, quand la susceptibilité se trouve unie au talent, c’est encore un bien pour l’État que cette susceptibilité, mise à l’épreuve, s’aguerrisse par le combat. »

Puis suit la leçon, leçon sévère, tombée de haut : « L’abîme appelle l’abîme : le mal qu’on a fait oblige à faire un nouveau mal, on soutient par amour-propre les ignorances où l’on est tombé par défaut de lumière… »

Et enfin l’arrêt, l’arrêt sans appel : « Tout considéré, nous ne voyons que le crime, la bassesse et la médiocrité qui doivent craindre la liberté de la presse ; le crime la repousse comme un échafaud, la bassesse comme une flétrissure, la médiocrité comme une lumière. Tout ce qui est sans talent recherche l’abri de la censure ; les tempéraments faibles aiment l’ombre. »

Ne dirait-on pas ces lignes écrites d’hier, d’aujourd’hui, de ce matin ?

Considéré comme homme d’État, Chateaubriand se dérobe à tout jugement. Sa politique est variable comme sa vie. L’honnêteté est son principe. Il ne sait que cela. Ne lui demandez