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LES RESSUSCITÉS

rien qui l’émerveille, ce sont des montagnes qu’on ne rencontre guère dans la Bible et dans la mythologie, elles sont belles seulement par elles-mêmes ; cela ne suffit point. Passez, chaumières inconnues, saules tordus sur des abîmes sans nom, ruisseaux qui n’avez inspiré personne ; Chateaubriand ne tient pas à vous voir !

C’est mal. La nature ne tire pas sa beauté rien que des hommes. Il devrait mieux s’en souvenir, l’auteur de René. Dans son voyage à Jérusalem, le hasard lui a joué des tours malins et qui auraient dû restreindre son amour pour le pompeux. La vie ordinaire ne perd jamais ses droits, et malgré lui on la voit qui perce et qui jure à travers son lyrisme prévu. Déjà chez les Iroquois il avait rencontré un marmiton qui faisait danser le menuet à ces messieurs sauvages et à ces dames sauvagesses. Dans une des Cyclades, à une noce de village où il assista, il entendit chanter en grec, par mademoiselle Pengali, fille du vice-consul de Zéa, la fameuse romance : Ah ! vous dirai-je, maman ! Peu de temps après, il tombe à Tunis, au milieu du carnaval, dans une folle compagnie d’officiers qui l’entraînent au bal et qui