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CHATEAUBRIAND

drons pas corps à corps chacun de ses livres pour en discuter le mérite. Ce travail demanderait, pour être développé suffisamment, une trop vaste échelle. Nous tâcherons de rappeler seulement en quelques mots les principaux titres de Chateaubriand.

L’Itinéraire de Paris à Jérusalem est un bon livre qui va à tout le monde, parce qu’il est rempli de poésie et de science, et qu’au bout du compte il apprend une grande quantité de faits intéressants. Ces livres-là, où il y a de tout et où chacun trouve ce qui lui plaît, ne doivent pas être dédaignés, quoiqu’ils soient écrits sans aucune sorte de plan, avec des réminiscences et au hasard de la compilation. L’Itinéraire nous semblerait encore meilleur si, trop souvent, — et ceci est un reproche grave, — Chateaubriand ne se laissait influencer par les souvenirs historiques. Un paysage n’a de prix à ses yeux que lorsqu’il a été célébré dans un poëme ; et lorsqu’il parcourut le monde, il le fait trop évidemment comme un gentleman, son Guide à la main, Xénophon ou Josèphe, après avoir averti le conducteur de le réveiller à la page marquée d’une corne. Ne lui parlez pas des Cévennes, elles n’ont