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LES RESSUSCITÉS

Dernier des Abencerrages, qui pèche justement par des défauts inusités à son auteur, c’est-à-dire par la sobriété et par l’absence de description. De la part de Chateaubriand, on s’attendait à mieux que Gonzalve de Cordoue, — et il faut croire sans doute qu’il pleuvait à Grenade le jour qu’il y est passé.

Publiés à de plus rares distances, les Études historiques, célèbres par leur préface, l’Essai sur la littérature anglaise, et l’histoire de Rancé, achèvent l’ensemble de ses travaux.

Composé aux heures sereines de sa vieillesse, l’Essai sur la littérature anglaise contient des fragments intimes et des retours de la plus délicieuse rêverie. Il semble que ce ne soit plus le même homme qui parle. Les côtés inconnus de son talent se dévoilent ; et, abandonné comme à la dérive de son inspiration, il raconte les choses les plus familières de sa tête et de son cœur, avec un sourire

    sous le portique. Je ne suis qu’un sauvage ; mais malgré ma rudesse native, je ne saurais dire quel fut mon étonnement lorsque les deux héros vinrent à ouvrir leurs lèvres au milieu de la cahute muette. Je crus entendre la musique du ciel ; c’était quelque chose qui ressemhlait à des airs divins. Vaincu par mes souvenirs, par la vérité des peintures, par la poésie des accents, les larmes descendirent en torrent de mes yeux. Mon désordre devint si grand qu’il troubla la cabane entière… »