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CHATEAUBRIAND

ration. Pour lui, la rue du Bac n’a pas de ruisseau. C’est un Murat, ce pouvait être un Napoléon.

Il n’a guère innové qu’à demi. Sa littérature est la littérature du xviiie siècle retrempée chez les sauvages. Les Incas avaient déjà frayé le chemin, et l’on se souvient trop peut-être que Chactas a vu Versailles et qu’il a assisté aux tragédies de Racine.

Ce n’est pas avec peu de chose que Chateaubriand compose son paysage ; Poussin lui a donné des leçons. Il lui faut des colonnes à demi brisées, un clair de lune, des urnes cinéraires ; et, par-dessus tout cela, le génie des souvenirs, assis pensif à ses côtés.

Cette recherche du grandiose le conduit quelquefois à des excès contre lesquels on ne saurait trop se tenir en garde. Je n’en veux pour seul et funeste exemple que ce coucher de soleil : « L’astre enflammant les vapeurs de la cité semblait osciller lentement dans un fluide d’or, comme le pendule de l’horloge des siècles ! » Évidemment les poètes extravagants du xvie siècle n’auraient pas mieux dit.

« Peu m’importe l’action, écrit-il dans la préface des Martyrs ; elle n’est qu’un prétexte