Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
LES RESSUSCITÉS

à descriptions. » — Hélas ! pourquoi le ciel mit-il La Harpe sur sa route, ainsi que M. de Fontanes, le Simonide français ?

Il n’est pas de l’avis de Voltaire, qui disait que les bons ouvrages sont ceux qui font le plus pleurer. « Les vraies larmes, dit Chateaubriand, sont celles que fait couler une belle poésie ; il faut qu’il s’y mêle autant d’admiration que de douleur, » Ce malheureux système apparaît jusque dans René, au moment où le frère d’Amélie, qui vient de recevoir comme un coup de foudre l’aveu d’un amour criminel, trouve encore assez de force pour arrondir immédiatement la période suivante : « Chaste épouse du Christ, reçois mes derniers embrassements à travers les glaces du trépas et les profondeurs de l’éternité qui te séparent déjà de ton frère ! »

La majesté ! Chateaubriand lui a tout sacrifié ; aussi son génie, spécial et constant dans sa pompe, n’est-il pas de ceux qui vont à tous, comme Shakspeare par exemple, l’homme des palais et des tavernes, des rois et des ivrognes, grand avec les grands, familier avec les petits, puissant avec chacun ; — Shakspeare, dieu qui parle le langage des