hommes ; Chateaubriand, homme qui parle le langage des dieux.
Chateaubriand appelait Hamlet — cette tragédie des aliénés.
Comment Shakspeare eût-il appelé Moïse, cette tragédie de Chateaubriand ?
Car il faut bien le dire, comme poëte, Chateaubriand est nul ou à peu près. Sauf une cinquantaine de vers, je ne crois pas qu’il lui soit jamais tenu compte de son pindarique bagage. Pourrait-il en être autrement, lorsqu’on le voit s’appuyer sur une théorie aussi fausse que celle qu’il développe dans les lignes suivantes : « La poésie a ses bornes dans les limites de l’idiome où elle est écrite et chantée : on peut faire des vers autrement que Racine, jamais mieux. » Voici pourtant quelques strophes peu connues de Moïse, ses meilleures incontestablement, bien qu’il les ait supprimées plus tard par un sentiment de décence :
Que dit à son amant, de plaisir transporté,
Cette prêtresse d’Astarté
Qui voudrait attirer le jeune homme auprès d’elle,
Et lui percer le cœur d’une flèche mortelle ?
— Beau jeune homme, dit-elle, arrête donc les yeux
Sur la tendre Abigail, que ta froideur opprime.