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Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/47

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M’avez-vous secondé ?… J’en appelle à l’histoire ! —
Mais ces temps ne sont plus, et trahissant leur foi,
Tous les rois mes sujets ont armé contre moi :
Les Français aux tyrans sont livrés par des traîtres,
Et même quelques-uns veulent de nouveaux maîtres :
Long-temps peut-être encor je pouvais avec vous
Des destins conjurés balancer le courroux,….
Mais la France eût souffert, et je lui sacrifie
Ma couronne, ma gloire, et, s’il le faut, ma vie :
Son bonheur est le mien… Je pars ; vous, mes amis,
Au monarque nouveau demeurez tous soumis ;
Ne plaignez pas mon sort ; loin des honneurs suprêmes
Je pourrai vivre heureux si vous l’êtes vous-mêmes. —
Mes ennemis diront que j’aurais dû mourir,
Mais il est d’un grand cœur de savoir tout souffrir….
D’ailleurs je puis encore attendre quelque gloire :
J’eus part à vos hauts faits, j’en écrirai l’histoire. »

» Je voudrais, sur mon cœur, pouvoir vous presser tous….
Votre aigle est près de moi, je l’embrasse pour vous :
Aigle, de nos exploits sublime spectatrice,
Que dans tout l’avenir ce baiser retentisse ! —
Vous, ne m’oubliez pas, voilà mon dernier vœu….
Mes amis ! mes enfans ! et toi, mon aigle…. adieu ! »