Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/81

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On parle des chagrins qu’à tes amans tu donnes,
Et des poisons mêlés aux fleurs de tes couronnes ;
Mais qui peut trop payer tes transports, tes honneurs ?
Un seul de tes regards peut sécher bien des pleurs.

Qu’importe que l’orgueil des nullités humaines
Voue à de froids dédains nos travaux et nos peines,
Qu’importent leurs clameurs, si la postérité
Nous imprime le sceau de l’immortalité,
Si son arrêt plus sûr nous illustre et nous venge :
Tandis que le Zoïle, au milieu de sa fange,
Traînant dans l’infamie un nom déshonoré,
Jette en vain les poisons dont il est dévoré.

Si la vie est si courte et nous paraît un songe,
La gloire est éternelle et n’est pas un mensonge ;
Car sans doute il est beau d’arracher à l’oubli
Un nom qui, sans honneur, serait enseveli,
De pouvoir dire au temps : « Je brave ton empire,
» Respecte dans ton cours mes lauriers et ma lyre,
» Je suis de tes fureurs l’impassible témoin,
» Toute ma gloire est là : tu n’iras pas plus loin. »