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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/185

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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

le bourgmestre. Messieurs, j’espère que vous respecterez les propriétés.

le roi. Du moment que nous vous avons lait venir… Combien avez-vous de miliciens dans votre village ?

le bourgmestre. Huit hommes.

le roi. Vous les réunirez.

le bourgmestre. Ils sont sur la grand’place.

le roi. Eh bien ! vous les mettrez en sentinelle à toutes les portes… afin que le désordre ne soit pas troublé un seul instant !

le roi (à l’un des marchands.) Que veux-tu, toi, philistin ?

le marchand. Monseigneur, pardon ; je suis un malheureux débitant de tabac de cette ville.

le roi. Eh bien ! te doit-on quelque chose ?

le marchand. On me doit beaucoup ; mais on m’a pris bien davantage.

le roi. Qu’est-ce qu’on t’a pris ?… c’est impossible !

le marchand. Mon Dieu ! ne vous tachez pas, monseigneur. Pardon : on n’aurait pas retrouvé dans vos charrettes couvertes, parmi vos bagages…

le roi. Quoi ?

le marchand. Une femme.

le roi. Une femme !

le marchand. Oui : ma femme !… mon épouse légitime, messieurs ! (Huées des étudiants.)