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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/205

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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

le chevalier. Commandant, je connais cet homme.

l’officier. Vous, monsieur le chevalier ?

le chevalier. Ne troublez pas la fête pour si peu de chose… laissez-nous, je réponds de lui.

l’officier. Il suffit. Marchons…

le chevalier (à Diego.) Tu vois que les frères ne s’abandonnent pas… Je t’ai sauvé, tu es libre.

diégo. Ah ! Paulus… c’est toi !… toujours parmi les esclaves ?

le chevalier. Moi-même. Et toi ? toujours parmi les ivrognes !

diégo. Je n’ai pas changé de religion, au moins, aussi, toujours prêt à risquer ma vie pour la bonne cause ! toujours voyageur, ambassadeur des républiques ! ces jours derniers à Gœttingue, à Leipsick ; demain à Heidelberg.

le chevalier. Tu vas à Heidelberg ?

diégo. En voiture, en grand seigneur : tiens, voilà des sequins de Venise, des ducats, des piastres d’Espagne…

le chevalier. Et qui t’a donné cela ?

diégo. Qui m’a donné cela ? Celui qui veille pendant que le maître est endormi. En voilà, en voilà encore !

le chevalier. Mais tu as une somme !

diégo. Il y a de quoi faire sauter la banque… si le jeu n’était pas défendu ! Infâmes tyrans, qui ont