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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/206

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LORELY

défendu le jeu : mais dans trois mois il n’y en aura plus de tyrans ; je les abolis !… j’ai là leur condamnation. Adieu, Paulus ; il faut que je parte demain matin au point du jour !

le chevalier. Eh bien, tu as le temps : écoute-moi ; à ta place, avant de supprimer les tyrans, je voudrais les voir de près. Veux-tu que je te présente aux tyrans ?

diégo. Oui, pour les frapper dans leur fête !

le chevalier. Non, pour manger leurs glaces, boire leur vin et gagner leur argent.

diégo. Gagner leur argent ! On joue donc à la cour ?

le chevalier. On ne joue plus que là, puisque le jeu est défendu ailleurs.

diégo. Oh ! les despotes ! Eh bien, oui, je veux gagner leur argent ; oui, je veux boire leur vin ; oui, je veux manger leurs glaces ! Conduis-moi à eux.

le chevalier. Un instant. Diable, il faut changer de costume ; viens chez moi, je te prêterai un de mes habits. Tu ne parleras qu’espagnol ; mais tu mangeras, tu boiras et tu joueras comme un Allemand. Cela te convient-il ?

diégo. Si cela me convient, pardieu !

le chevalier. Silence, quelqu’un s’approche, c’est le grand maréchal ; partons, qu’il ne te voie pas sous ce costume. Viens chez moi.

diégo. Tu est mon sauveur ! tu sers la liberté à ta manière, c’est bien… (Ils sortent).